Nadia Alcaraz, auteure rennaise, a travaillé quatre ans à la rédaction de ce livre qu’elle destine à un public de lecteurs autant français qu’algériens.

Issue d’une famille de pieds-noirs, rapatriée en 1961, Elle présente ici son premier roman. Ses précédents ouvrages étaient autobiographiques.

Le présent roman, elle l’a rédigé à la demande d’un vieil ami, Omar Mokhtar Chaâlal, écrivain algérien, proche de Kateb Yacine et aujourd’hui décédé.

L’action des « pattes du diable » se déroule au cours d’une période de l’histoire de l’Algérie, pendant l’occupation allemande , qui semble totalement méconnue, tant par les Algériens que par les Français. Nadia Alcaraz a pu le vérifier auprès des classes de terminales qu’elle a rencontrées et avec qui elle a travaillé à Rennes, autour de son premier ouvrage. Même certains enseignants ignoraient qu’Alger avait été la capitale de la France Libre !

La colonisation et les horreurs qu’elle a produites y sont fermement dénoncées tout au long du texte.

Ce roman est composé alternativement, de récits, de correspondances et d’extraits du journal intime de son héroïne, ce qui permet de cerner de façon moins linéaire, le cheminement affectif et politique de cette dernière.

Cette jeune femme est un personnage à facettes multiples que sa détresse affective et sa fragilité feront tomber « dans les pattes du diable » et qui paiera chèrement le prix de ce pacte.

1941 : Juliette, jeune enseignante française, veuve de guerre et militante pacifiste, trouve refuge, avec son bébé, auprès de sa belle-famille, en Algérie. Elle y découvre avec dégoût une société coloniale dont elle soupçonnait à peine, jusque là, les agissements et la mentalité raciste, voire esclavagiste.

Quelque chose s‘est produit dans le passé de cette famille maudite, un drame dont personne ne sait rien, (ou ne veut rien dire,) mais que l’héroïne va s‘obstiner à découvrir.

Militante active, proche de ses amis algériens qui, à Sétif, organisent déjà la résistance contre les colons, Juliette navigue entre évènements politiques (Débarquement des Américains, arrivée de de Gaulle à Alger, etc.), péripéties de la seconde guerre mondiale, et son propre cheminement intérieur de femme amoureuse.

après avoir subi « la France occupée » par les nazis, , la voici confrontée au visage hideux de « la France occupante » .

Elle s’enracine progressivement en terre algérienne, jusqu’à partager le quotidien de ses légitimes habitants. Lucide, parce que consciente de la barbarie des colonisateurs, elle pressentira leur réplique impitoyable aux aspirations d’indépendance que manifeste ce peuple.

Les massacres perpétrés dans la région de Sétif (nommée à l’époque : Sétif la turbulente) par l’armée française, mais également par les milices locales mises en place par les colons, serviront de toile de fond au dernier acte de sa propre tragédie.

Ce livre est un thriller doublé d’un récit historique. C’est avant tout l’histoire et le combat intime d’une femme qui, jusqu’au bout, conservera intacte sa lucidité ainsi que sa volonté d’analyse impitoyable, tant de ses propres failles que des errances inavouables de son destin.

Les pattes du diable, roman ; 312 pages ; Éditions Hedna 2020. Prix 23 euros. Commande sur le site : www.editions.hedna.fr, contact@editions.hedna.fr, Téléphone : 0033622567269.